La médecine esthétique : anarchie ou progrès?

Je consacre 100 % de ma vie professionnelle à la pratique de la médecine esthétique parce que je considère que c’est une activité que je ne peux pas faire à temps partiel. D’une part, j’aime mon travail et je ne me verrais pas faire autre chose, mais, d’autre part, je crois que la complexité et l’étendue du champ de pratique médico-esthétique méritent plus que quelques heures par semaine à n’injecter que du Botox et des produits de remplissage. C’est pourtant ce que beaucoup de médecins font, tout en se targuant de pratiquer la médecine esthétique.

J’ai commencé à travailler dans ce domaine avant même que le terme ‘’médecine esthétique’’ existe, alors que nous n’avions à notre disposition que le Zyderm (les plus vieux d’entre vous s’en souviennent peut être!) et quelques peelings chimiques. Nos moyens étaient rudimentaires, la formation se faisait sur le tas, le Botox  n’existait que dans nos rêves les plus fous et la révolution médico-esthétique était encore à faire.

À l’époque, et je ne suis pas si vieux que ça,  c’était facile de se mettre à jour en assimilant graduellement, une à une, les différentes techniques qui voyaient le jour. Maintenant, par contre, devant la prolifération de produits et de techniques, tout nouveau médecin désirant œuvrer en médecine esthétique se doit d’avoir une formation plus extensive et approfondie. La tache est immense, je le reconnais, mais c’est le prix à payer pour établir une pratique qui couvre tous les aspects du champ médico-esthétique et non pas seulement un volet bien limité, comme les injectables, comme se plaisent à faire nombreux de mes confrères.

C’est une vision bien réductrice de la médecine esthétique que de se contenter d’injecter du Botox  et des produits de comblement, en négligeant les autres volets qui forment un tout bien cohérent. Si on ne s’attarde qu’à l’étude du visage, par exemple, comment peut-on offrir seulement d’adoucir les rides quand la peau montre des signes de vieillissement à tous ses niveaux? Ne vaudrait-il pas mieux de pouvoir offrir un plan de traitement en fonction des besoins réels de la peau des patients, qui comprendrait séances de photorajeunissement avec laser ou IPL, raffermissement par la radiofréquence, hygiène quotidienne avec de bons produits cosméceutiques? Voilà une proposition cohérente que peu de médecins sont en mesure de proposer,  bien malheureusement!

Je pense qu’il est grand temps que les médecins qui se vantent de pratiquer la médecine esthétique soient incités à parfaire leur formation et à prouver leur compétence.  Le Collège des médecins du Québec est sur la bonne voie en exigeant des médecins qui désirent pratiquer la médecine esthétique un degré de formation plus adéquat. C’est aussi ce que l’Association canadienne de médecine esthétique, dont je suis président, a compris, en mettant sur pied un programme complet de formation académique et pratique qui s’adresse à tous ses membres, de façon à ce que la pratique soit plus encadrée et que l’information soit accessible à tous les médecins conscients de l’Importance de la qualité de l’acte médico-esthétique.